CINEFAB

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Cannes2016


CANNES 2016 EPISODE 1 : LE FESTIVAL L'EGO

Les rapports entre le Festival de Cannes et le monde du cinéma ? Tout un poème. Chaque metteur en scène, chaque distributeur veut absolument en être. Et pour cause. Ca gonfle l’égo à bloc, ça s’entraine à sourire nonchalamment sur les marches, ne pas trop donner d’interviews et attendre le jour du palmarès pour savoir si on repartira avec la Palme. Un autre prix ? “Bon, ben d’accord même si je suis quand même un peu déçu" !!. Cannes est un formidable lieu de cinéphile, unique au monde. C’est (parfois) un accélérateur de carrière. C’est aussi le plus grand rassemblement d’égos surdimensionnés. Imaginez !! Des centaines d’artistes, près de 5000 journalistes ! Un vrai festival de nombrils, et pas ceux des starlettes dénudées.

 

Cannes, c’est un peu la RATP en fait. Il y a ceux qui ont leur pass Intégral. Des Dardenne à Almodovar, d’Isabelle Huppert à Vincent Maraval (producteur chez Wild Bunch), ils ont tous leur pied à terre annuel au Palais des Festivals. Et puis il y a ceux qui n’ont encore que le pass renouvelable. Et dans le rôle du chef de gare, de l’aiguilleur, le délégué général Thierry Frémaux qui choisit les uns. Et pas les autres. Pas un boulot facile en fait. Il faut aimer se faire détester une année pour se faire idolâtrer la suivante. Il faut aimer avoir la mémoire courte pour oublier les vacheries. Et assister à des retournements de vestes magistraux.

 

Prenez cette année tiens ! Le réalisateurBruno Dumont est en compétition avec Ma loute. Il remercie donc son grand ami Thierry du fond du coeur. Il y a deux ans, c’était différent. Ulcéré que son Petit quinquin n’ai pas été retenu par la sélection officielle, il balançait violent : “Il n’y a plus d’audace à Cannes. Il faut que le sélectionneur soit nommé pour 5 ans, sinon une corruption naturelle s’installe, c’est une sorte de mafia”. L’année dernière, Arnaud Desplechin avait eu beaucoup de mal à avaler la non sélection de son film 3 amours de jeunesse, à tort mal aimé du comité de sélection. Cette année ? Il a évidemment accepté de siéger dans le jury officiel. Et n’oublions pas non plus Xavier Dolan, qui du haut de ses bouffées de chaleur post-pubères avait osé regretter en 2012 que son film Lawrence Anyways, ne soit sélectionné “qu’à Un certain Regard” et non en compétition. Une sortie que le jeune petit génie tempère aujourd’hui mais qui lui avait valu à l’époque une petite remise en place de Thierry Frémaux, conseillant entre les lignes au roquet d’attendre son tour. Ce qui fut d’ailleurs le cas puisque deux ans plus tard, il remerciera le même Frémaux, des sanglots dans la voix en recevant le Prix du jury pour Mommy. 

 

Alors c’est vrai que Cannes fait parfois des bourdes. Laissez passer Brokeback Moutain, rejeter Les garçons et Guillaume à table pour ne citer qu’eux, les exemples sont multiples. Mais la science de la sélection est une science inexacte. De toute façon, chaque professionnel, chaque cinéphile est un sélectionneur en puissance qui pense toujours qu’on pourrait mieux faire. Thierry Fremaux le dit lui-même. Il aura toujours tort in fine. N’est ce pas lui qui, en effet a dit un jour : “Quand le palmarès est bon, c’est grâce au jury. Et quand il est mauvais, c’est à cause du sélectionneur”…

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09/05/2016
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